Revue Edwarda

#10

Revue Edwarda
www.edwarda.fr
Date de parution : octobre 2013
16 € / 96 pages

« Petite lettres en ramas d’Ignace à Sidonie », Revue Edwarda, n°10, octobre 2013

Ont paru dans le n°10 de la Revue Edwarda (Revue érotique et esthétique) 8 pages de calligrammes que j’ai réalisés exclusivement pour la revue.

Sous le titre « Petites lettres en ramas d’Ignace à Sidonie », ils mettent en forme la moitié d’une correspondance amoureuse dont je suis l’auteur.

Le texte brut des calligrammes est aussi publié à la fin de la revue, pour être lisible aisément.

Le Pénis /

« Chère Sidonie, Je te dis chère puisque nous sommes redevenus quelque chose comme des étrangers qui doivent s’habituer à ne plus voir l’autre nu, à ne plus lécher sa sueur, ne plus finir son reste de croissant des petits matins bleus à l’hôtel. Tu as oublié, ou laissé, chez moi la petite culotte rose fané de l’ensemble Villon que je t’avais offert le soir de l’élection. Elle était en boule dans un tiroir de la console japonaise. Je dois te dire qu’à mon avis elle est sale. Elle sent et il y a ces traces blanches de ton foutre séché à l’endroit où le tissu a été doublé. Une question, simple : dois-je te la rendre ou me permets-tu de la garder ? Je t’embrasse le plus tendrement du monde, Ignace »

Le Croissant /

« Chère Sidonie, D’aussi loin que me revienne l’ombre de mes amours anciennes, comme dit la chanson, je n’ai jamais connu de plus beaux réveils qu’avec toi. Le début de la journée est un enjeu essentiel dans la réussite d’une relation. N’as-tu pas le souvenir que nous nous disputions systématiquement le soir, à la brune ? Moi si et je ne saurais expliquer pourquoi. Peut-être aurions-nous dû dévorer à midi autant de viennoiseries que dans les hôtels de la côte, va savoir ! Peut-être faudrait-il manger au milieu de la journée la même chère qu’au début, histoire de manipuler le déroulement des choses, d’empêcher qu’elles se corrompent. Nous aurions été endormis avant même de nous être disputés. Nous forts aurions fait l’amour sans l’angoisse du conflit qui surgissait sans raison et nous détruisait. Je t’embrasse, Ignace. »

La Culotte /

« Chère Sidonie, Je dois t’avouer que cette dernière solution aurait ma préférence si d’aventure tu te laissais aller à un peu de fantaisie encore malgré l’océan entre nous des innombrables disputes. Il va de soi que souvent je la tiendrai d’une seule main. Seulement je t’en demande l’autorisation. Je ne voudrais pas, vois-tu, que tout ceci ait l’allure d’une petite perversion minable. Je ne suis pas fou. Ce que je souhaite, c’est que tu m’abandonnes autre chose, de plus précieux, que la centaine de photographies de toi nue qu’il y a dans mon iphone. Ce serait très smart de ta part. Mais je tiens peut-être la petite culotte de l’une de tes copines dans la main. Comme tu t’en doutes, je l’ai déjà bien salopée, et c’est maintenant une boule cracra de satin amidoné. Je me sens idiot d’avoir cru en nous la première fois. Pauvre naïf ! Il paraît que tout est relique et que toutes les reliques sont fausses. Je vais m’agenouiller devant ta petite culotte salie, et je servirai encore les offices qui me plairont. Je t’embrasse… Ignace »

L’Oeil /

« Chère Sidonie, Peu me chaut ton blanc-seing. Ma philosophie désinvolte avait bien des défauts et ne savait résoudre la majeure partie des problèmes que tu me posais, mais elle mettait un point d’honneur à cultiver une certaine élégance dont tu m’as dépouillé. Si tu souhaites récupérer mon trophée, il suffit de me le dire et je te jure sur la tête d’Eunice que je te le renverrai par la poste. Une explication rationnelle justifie sans doute qu’au moment où je te parle tu me fasses encore souffrir, mais elle m’échappe. Je me souviens qu’Eunice avait formé le projet de s’acheter le même ensemble que toi après t’avoir vue l’enfiler en souriant dans une des cabines du spa de Ravenne. J’ignore si elle a fait ce qu’elle a dit, mais j’ai couché un moment avec elle après notre séparation. C’est peut-être sa petite culotte à elle qui s’est retrouvée chez moi dans l’état que je t’ai décrit. Je n’ai pas d’imagination. Je manque d’affection. Au fait, Eunice m’a appris qu’à l’époque de mon hospitalisation tu avais hébergé chez nous Joy et Sagamore. Pourquoi ne m’en as-tu rien dit ? Je t’embrasse sans savoir si c’est réciproque, Ignace »

La Langue /

« Chère Sidonie, Eunice s’est répandue, avec la façon si particulière qu’elle a de rire, sur le détail de vos vacances de copines dans les îles éoliennes et la grande vocation perverse de Joy que vous découvrîtes alors, toi et elle, dans l’intimité de la villa de John puisque « cette petite salope », je reprends les mots-mêmes d’Eunice, profita de l’esprit de détente du lieu pour vous masser les seins avec de l’huile et se caresser ensuite sur un transat en feignant de confondre vos yeux fermés sous le soleil avec un sommeil profond. Si elle était là, je la grifferais, je la frapperais avec plusieurs objets lourds après l’avoir droguée puis je l’observerais sanguinolente agoniser longtemps. Tendrement, Ignace. »

Le Coeur /

« Chère Sidonie, J’observerais le visage, son visage rouge carmin, luisant, haleter à mes pieds. Ensuite, je déboutonnerais mon jean pour lui pisser dessus. Ça tomberait comme une fontaine dans ses yeux, sur sa joue, dans son oreille, et le temps qu’elle soit mal nettoyée de son hémoglobine de salope par mon urine chaude, elle crèverait sous mes yeux d’un dernier hoquet dans lequel elle régurgiterait un peu de ce qu’elle a pris dans la bouche avec un caillot de sang foncé. Puis je la déshabillerais, je lui trancherais avec mon tojiro les tétons et sa petite chatte visqueuse, je les ferais griller à la poêle, et je les servirais en ragoût à Sagamore à son insu. Je photographierais les restes de son corps recouverts de dizaines de crottes de chiens que j’aurais récupérées avenue Kléber et que j’aurais écrasées sur ses membres et dans les trous de son cul et de sa tête, puis je les posterais sur internet depuis le web-café Vivendi qui fait l’angle de l’Étoile. Je n’ai peur de rien ni de personne. Ne va pas t’imaginer surtout que la police ou toute autre forme de coercition saurait me contenir. Il y a dans mon caractère une hubris infinie qui se nourrit d’elle-même. Elle t’a épargnée car mon amour a parlé plus fort que les voix. Elles ont pourtant insisté à une époque afin que je te fasse subir certains outrages. Pour toi j’ai dit non. J’ai toujours dit non. Je sortais plutôt pour imposer aux putes de la ville ma colère, et je dois dire que plusieurs d’entre elles firent preuve de talent dans leur façon de mourir. Moi je ne leur demandais au fond que de crier, le plus fort possible et avec suffisamment de terreur dans le gosier pour que le voisinage des immeubles lâches en soit édifié, secoué, pétrifié, mortifié jusque dans les placards. Mais toi, n’aies pas peur. Tu es l’exception, la rose blanche, le lys dans la vallée, toujours blanc et doux. Tant que tu resteras pure, tu ne leur ressembleras en rien. Si tu voyais le fard dont elles usent et abusent ! C’est somme toute vraiment lamentable cette inflation cosmétique. Il y a tant et tant de beaux visages qui furent découverts par ma pisse. Je t’embrasse, Ignace. »

Le Couteau /

« Chère Sidonie, Je me sens tel Hulk dépassé de rage et de colère. Pourtant repose au fond de moi un gisement de douceur que tu savais extraire. Je me fais peut-être des idées en te parachutant mon seul amour. Il est vrai que souvent l’imagination s’emballe fort. Mais je ne pense pas. Voilà pourquoi je t’écris alors même que tu as cessé de me répondre. Tu es cruelle et tu le resteras. Il m’arrive de ressentir une telle paix au seul l’énoncé de ton prénom, une telle félicité, que le doute disparaît totalement. Je t’embrasse, Ignace. »

La Vulve /

« Chère Sidonie, Tu ne recevras pas d’autre lettre de moi. C’est la dernière. J’ai brûlé ta petite culotte rose. J’ai ensuite dispersé ses cendres un peu chaque fois aux endroits où nous avons fait l’amour. Te souviens-tu de la cage d’escalier près de la place de la République où je t’avais pris tes vêtements et dans laquelle nue tu m’avais appelé en pleurant au secours ? J’avais adoré entendre deux étages plus bas tes cris quand un groupe d’hommes de passage par hasard t’avais surprise. Tu avais soudain retrouvé une sorte d’état de nature. L’un d’entre eux était redescendu en cachette pour soi-disant t’aider. Puis tu avais renoncé au moindre bruit et tu l’avais laissé de palper en silence contre le mur et te doigter sans délicatesse. Je t’embrasse, Ignace. »

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